Hommage à ASTRID LIMBURG
HOMMAGE A ASTRID LIMBURG
"La plupart des bébés naissent dans les heures calmes de la nuit. Bien sûr, comme tout le monde, j'aime dormir la nuit. Mais conduire dans les rues d'Amsterdam, pour un accouchement à domicile est quelque chose de très spécial. .. " Ainsi parle Astrid Limburg, ma collègue sage-femme hollandaise (1) Dans l'art des accouchements, elle demeure pour moi un exemple de ce que peut être une praticienne de l'obstétrique de sage-femme.
Son esprit d'observation et de recherche lui a permis avec d'autres sages-femmes hollandaises de remarquer "que la position verticale (assise, accroupie, debout) favorise la circulation sanguine de la mère et son bien-être pendant l'accouchement..., lui permet d'être au même niveau que les gens autour d'elle afin de participer plus pleinement, comme une égale, à ce qui l'entoure. Comme cela, elle sent mieux comment elle doit pousser ... cela renforce sa confiance. La confiance est cruciale, car la peur, l'anxiété, la douleur (la dépendance) forment un cercle vicieux. Lorsqu'une femme fait l'expérience d'un accouchement comme un événement naturel créatif, elle accouche avec plus de plaisir et moins de problème ... " (1)
Astrid a participé à la création du Birth Mate ou siège d'accouchement afin de rendre plus confortable la position verticale d'accouchement pour les mères. Astrid a participé, avec la fondation Langage du corps à la production de vidéo en anglais, français, allemand, néerlandais, sur le thème de la Naissance et du bébé dont les titres sont évocateurs de la philosophie d'accompagnement des naissances aux Pays Bas: "Tout naturellement", "les deux pieds sur la terre", "Regarde donc ... un bébé", "la première heure", "naître prématurément", "bilarium ou une thérapeutique originale pour traiter l'ictére néo-natal", "un nouveau petit frère", "du babil au bébé", "les soins post natals" .(2)
Astrid a aussi participé à la publication du livre Baren (en français "enfanter") où se retrouvent, grâce aux photos et au texte, les nouvelles formes de penser et de sentir des femmes dans le domaine de la naissance, et où des informations utiles sont données par les sages-femmes, Béatrice Smulders et elle-même. Et où le Professeur Kloosterman fait remarquer que la femme a non seulement le droit à la liberté de choisir: entre accoucher à la maison ou à l'hôpital, mais la liberté de choisir la position d'accouchement et la possibilité d'avoir un contact libre et paisible avec le bébé.
J'aime cette collègue sage-femme à qui je dois une partie de mes découvertes sur le nécessaire respect de la physiologie obstétricale et l'indispensable empathie avec les mères comme une "thérapeutique" de sage-femme. Je l'aime aussi pour la fierté qu'elle donne à beaucoup de sages-femmes qui l'ont connue. Mais pour parler d'Astrid, je devrais parler au passé. Je la savais malade (de ce que l'on appelle une grave maladie) et elle nous a quittées récemment pour rejoindre toute notre lignée de collègues, entre autres Mmes Cartiaux et Sentuberry.
Je ne crois pas que j'ai encore fait le deuil de son absence.
J'espère que son message restera vivant auprès des sages-femmes qui l'ont connue et que les autres voudront la connaître, elle qui disait: "Les sages-femmes hollandaises pour sauvegarder la qualité de leur travail doivent veiller d'abord à sauvegarder leur propre santé, "car les sages-femmes doivent être des femmes fortes physiquement et moralement, de préférence les deux à la fois". (3)
Jeannette BESSONART
(1) extrait de "Enfanter, le lien mère, enfant, père" Sages-Femmes du Monde, Ed. Frison Roche. Paris (1989) p. 135.
(2) Pour obtenir le catalogue de la Fondation Langage du Corps, écrire à Secrétariat Stichting Lichaamstaal, Scheyvenhohweg 12 6092 NK LEVEROY (Pays-Bas).
pour en savoir plus : http://www.stichtinglichaamstaal.nl/nl/
(3) Sages-femmes International rendra hommage à Astrid Limburg (et à Jeanne Sentuberry) lors de son congrès en mai 1994 à Royan.
