chez jeannette - sage-femme

qui sont les sages-femmes ?

des sages-femmes parlent de leur profession, et confient leurs regrets et leurs espoirs.


1974-LES SAGES-FEMMES, CES MECONNUES

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28/11/2013
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ETRE SAGE-FEMME DE FAMILLE, Farrida Hammani, sage-femme


Etre sage-femme de famille


Farida Hammani, sage-femme libérale , Marmande (France)

     Sage-femme de famille, sage-femme libérale, c'est le mode d'exercice que j'ai choisi, depuis bientôt 15 ans ... mais comment ne pas dire que nous sommes de moins en moins nombreuses à exercer notre art dans sa globalité, dans la totalité de sa responsabilité. Je suis allée à la recherche de chiffres afin que nous essayons de comprendre ce phénomène ... est-il isolé? Y-a-t-il un autre mode d'exercice qui soit plus valorisé dans notre pays? C'est ainsi que j'ai pris connaissance des dernières publications en matière de constats et de projets pour la maternité. J'ai cru comprendre que, non, les sages-femmes libérales ne sont pas les seules en dangers, toutes les sages-femmes sont menacées, et je ne pouvais pas, ne pas vous en parler ...

" Être sage-femme de famille» celà fait résonner en chacun de nous le temps où chaque famille avait" son docteur» mais aussi, " sa » sage-femme, une femme que l'on se représente très bien, allant en toutes saisons, de jour comme de nuit, de maison en maison, délivrer les" femmes en couches », comme on disait autrefois ...

   Image d'épinai ... image d'un temps révolu, évocation nostalgique ... cette femme qui avait présidé à la naissance de plusieurs générations, parfois, dans la même famille ... « Je vais voir Madame Machin, tu comprends, c'est elle qui m'a fait naÎtre ... »Eh oui, on comprend ...

     En fait, on comprend cinq minutes, car dès la sixième, on reprend notre analyse rationnelle de la situation. Heureusement que ce temps là est révolu! Maintenant, c'est moins romantique (beaucoup moins!) mais à la place, nous avons la" sécurité» celle qui a fait baisser la mortalité péri-natale, nous avons le confort, celui de la mère, prise en charge hôtelière dans les suites de couches, et le nôtre quand même, dans des lieux chauffés, avec du matériel à notre disposition, et du personnel, et surtout des horaires!

     Sur les routes, de jour comme de nuit, par tous les temps ... non mais, à quoi ça ressemble?

     Pensives, nous enfilons notre blouse avant d'aller voir s'il y a une" entrée» en salle, une" entrée» que l'on a jamais vue, avec laquelle on va devoir faire connaissance. Espérons qu'elle soit sympa, et qu'on va pouvoir s'occuper d'elle, car il y a là " césar» du 7 qui a mal, " l'I.V.G. »du 12 qui pleure, l'accouchée du 15 qui n'arrive pas à allaiter. Bon, je vais mettre" l'entrée» sous monito et je vais faire mon tour ... et une autre nuit commence pour la sagefemme de garde ... Une nuit comme tant d'autres, passée au service des femmes, dans la joie et dans la peine ... Mais aussi, toutes me le disent, de plus en plus dans la fatigue et le découragement. .. Comment celà est-il possible? Nous sommes censées faire le plus beau métier du monde?

     Nous faisons le plus beau métier du monde, c'est sûre! Et c'est parce que nous en sommes persuadées, parce que nous ne voulons pas lâcher les femmes que nous tenons le coup malgré les conditions qui nous sont faites dans l'exercice de notre profession.

     Nous avons connu des jours meilleurs, nous avons connu des temps plus durs, nous sommes maintenant dans une période où l'on nie jusqu'à l'existence même des sages-femmes. Il n'est que de lire le dernier plan quinquennal présenté par Madame Simone Veil et destiné à réduire la mortalité néo-natale dans notre pays. Un tableau nous parle du personnel médical permanent dans les maternités, ne prenant en compte ques les obstétriciens et les anesthésistes, les sages-femmes ne sont mêmes pas citées ! Pourtant, Madame Simone Veil, avez-vous trouvé en France une seule maternité qui fonctionne sans une sage-femme jour et nuit? Les résponses du gouvernement aux très mauvaises statistiques françaises en matière de périnatalité sont, une fois de plus, la fermeture des maternités de proximité, et la prépondérance donnée aux obstétriciens et aux anesthésistes. On apprend aussi qu'on prévoit la présence d'une sage-femme, comme si ça n'avait pas toujours été le cas.

     Car les statistiques françaises en matière de périnatalité sont très mauvaises, surtout si on considère le fait que nous sommes le pays d'Europe qui dépense le plus d'argent dans ce domaine. Je ne vous détaillerais pas ici les chiffres que vous pourrez retrouver en consultant la bibliographie, mais il m'a semblé intéressant d'en faire parler quelques uns et de vous les soumettre: depuis 1986, le nombre des accouchements a diminué dans notre pays, par contre, le nombre de césariennes a augmenté, avoisinant les 15 % sur le plan national (et vous vous souvenez du Professeur Malinas qui en dénonçait 40 % dans certains établissements). Ce chiffre est déplorable. L'O.M.S. affirme qu'il n'est pas justifié de pratiquer plus de 9 % de césariennes dans les pays industrialisés. Cela a entraîné une augmentation de la mortalité et de la morbidité maternelles et fœtales par détresse respiratoire, mais là n'est pas notre propos. Les dernières études nous disent aussi que le secteur privé pratique plus de césariennes que le secteur public. Or, voyez comme c'est drôle, il y a plus de sages-femmes par accouchement dans le secteur public que dans le secteur privé; pourquoi la relation de cause à effet n'est-elle jamais faite? Il est prouvé que ce n'est pas en augmentant le nombre de gynécologues obstétriciens que l'on a de meilleurs résultats (l'Italie, avec le plus grand nombre de gynécos par habitants se place au 10e rang en matière de mortalité péri-natale dans l'europe des 12). Les dernières études françaises constatentqu'il ya moins de césariennes quand il y a plus de sages-femmes dans la naissance. Depuis 1986, le nombre de sages-femmes pour 100 accouchements est resté stable dans le privé, et le taux de césariennes a augmenté, par contre le nombre de sages-femmes a augmenté dans le public (un peu !) et le taux de césariennes a diminué, que font les décideurs en matière de peri natalité ? Ces chiffres ne parlent-ils pas d'eux-mêmes?

     Monsieur Wagner, ancien responsable à l'O.M.S. nous le dit depuis de nombreuses années. En matière de périnatalité, on obtient les meilleurs résultats quand les sages-femmes ont un taux de formation et d'activité élévé : " Dans un pays où les sagesfemmes sont fortes, les femmes sont fortes! »

     Mais qui écoute l'Organisation Mondiale de la Santé?

     En France, les sages-femmes ont une des meilleures formations du monde, elles sont les seules du corps médical français à être formées à l'accompagnement, à la valorisation de la physiologie de la maternité, et au dépistage de la pathologie. Comment se fait-il alors que nous enregistrions des statistiques aussi désastreuses ? Se pourrait-il que ce soit parce qu'on ne leur laisse pas la place qui leur revient? Quand une profession de haute technicité, ayant en charge la vie de femmes et d'enfants, comme notre profession, est évaluée à 55 francs la consultation et ce, sans changements depuis 1988, cela donne une idée de l'estime, de la considération en lesquelles les tiennent les gens qui les emploient (en l'occurence la sécurité sociale, muette et qui tergiverse sur ce problème depuis des années) et les décideurs, en l'occurrence les responsables politiques qui n'hésitent pas à accepter 1,4 sage-femme je dis bien 1, 4 !!) pour 100 parturientes et s'étonnent ensuite des mauvais résultats. En cela, ils méconnaissent les enquêtes réalisées par l'Association Nationale des Sages-Femmes Libérales de France (Sages-Femmes libérales et césariennes, 1988), dans laquelle on constate que quand la grossesse et l'accouchement sont suivis par la même sage-femme, le taux de césariennes est de 4, avec une mortalité*. '( Extractions : 3,8 % .. mortalilé infantile: 0,50 % .. mortalité maternelle: 0 % .. prémoturité: 0,16 %. cf charle européenne de la sageJemme (1992) - Association SAGES-FEMMES International).  Il est interessant aussi de lire: " La maternité n'a pas de prix mais elle a un coût» de Françoise Olive (1991) où l'on constate que l'accompagnement global de la maternité eutocique par la même sage-femme coûte 5 fois moins cher à la société que le système actuel et avec une morbidité moindre).

     La profession de sage-femme étant traditionnellement un métier féminin, ce purgatoire en lequel elles sont maintenues serait-il à mettre en parallèle avec la situation qu'on leur offre sur le plan social? Rappelons-le: plus d'un français sur deux est ... une française, les femmes représentent 56 % des votants, 43 % d'entr'elles travaillent, dont 75 % sont aussi mères de famille et pourtant elles ne sont que 6 % dans la vie politique ...

     Je ne peux pas m'empêcher de vous citer une réflexion parue dans: " Cahier économique et social» (Décembre 1993) et qui traite de l'évolution du corps médical dans les prochaines années etqui estime, je cite que" Feminisation et vieillissement affecteront inéga-Iement les diverses spécialités» Est-il besoin de faire des commentaires?

     Femmes, sages-femmes, toujours et partout nos conditions sont parallèles, quand les sages-femmes souffrent dans leur art, les femmes souffrent dans leur corps et payent un lourd tribut à la maternité.

     Les sages-femmes souffrent du morcellement de leur connaissances, du sous emploi que l'on fait de leurs capacités. Les femmes souffrent du morcellement qu'on leur fait subir dans la maternité. En effet, classiquement, elles verront quelques minutes par mois leur gynécologue (quand elles nevont pas voir, d'abord, leur médecin généraliste, qu'elles connaissent mieux, ou leur gynécologue médical pour les mêmes raisons, et l'un comme l'autre les " orienteront» au 8e mois vers l'obstétricien). Si elles sont suffisamment informées, elles iront suivre des cours de préparation à l'accouchement chez une sage-femme, avec laquelle elles s'investissent souvent affective ment car elles luis sont reconnaissantes de démystifier l'accouchement. Malheureusement, ce ne sera que très rarement la même sage-femme qu'elles retrouvront à l'accouchement. De nouveau, il leur faudra établir une relation forte avec la sage-femme de garde, pour voir quelquefois arriver dans les dernières minutes le gynécologue accoucheur ... ou son remplaçant. .. et le bébé est à peine né qu'entrent en jeu le pédiatre et la puéricultrice ... Quel courage, quelle force intérieure, il faut à cette femme pour gérer toutes ces rencontres, toutes ces ruptures, tout en assumant ses propres transformations et son nouveau rôle de maman!

     Toutes les enquêtes, toutes les études parlent des effets dommageables et parfois iatrogènes de ce morcellement de la maternité.

     C'est pour lutter contre ce morcellement que nous avons choisi d'être sages-femmes libérales, sages-femmes de famille et que nous pratiquons l'accompagne- ment global de la maternité.

     Une année précieuse, une année unique de la vie d'une femme, d'un couple, d'un bébé, de la constatation de la grossesse à la rééducation périnéale, en passant par le suivi médical prénatal, la préparation à l'enfantement, l'accouchement bien sûr, la surveillance de la mère et de l'enfant dans le post-partum, l'aide à l'allaitement, le conseil en contraception, la sage-femme française est vraiment: " La personne ressource efficace autour de la naissance »

     Forte d'une formation en quatre ans qui comprend 1820 heures de théorie et 4370 heures d'enseignement pratique et clinique, elle est la mieux formée pour accompagner la grossesse normale, pratiquer l'accouchement normal, et être encore présente dans les suites de couches.

     Quand on sait que, au moins 80 % des grossesses et des accouchements sont finalement normaux, on voit que son champs d'action est large ...

     Nous verrons que cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de place pour les autres praticiens dans la naissance, mais qu'il est indispensable que nous soyons, comme dit ma collègue Monique Ribaud: Le " fil conducteur», le " garde fou» contre le morcellement, le lien entre toutes les étapes franchies par tous les partenaires de la naissance.

     Et ce n'est que si cette unité est respectée, que la pathologie (car il y a parfois pathologie) ne sera pas vécue comme un échec par la femme et que le spécialiste de la pathologie pourra intervenir au meilleur de sa performance et de sa compétence.

     Nous sommes nombreuses à estimer que, si nous pouvons présenter de meilleures statistiques, c'est parce que cette unité est respectée.

     De même, que le médecin de famille cherche à retrouver son rôle de" pivot» du système de santé, la sage-femme doit rester le " pivot» de la maternité.

     Dans la pratique, je constate que c'est quelquefois très tôt que nous intervenons dans la vie des femmes. Certaines jeunes filles se préparant à des examens dans les carrières para-médicales viennent en stage dans mon cabinet. Elles rencontrent des femmes enceintes, des couples, des bébés. Elles suivent les cours de préparation à l'accouchement. Régulièrement aussi, des écoles ou des centres de formation de la ville me demandent de venir parler de mon métier ou de grossesse et d'accouchement à des jeunes entre 14 et 17 ans. Je ne refuse jamais d'animer des" journées Santé » en direction des jeunes. Ce travail d'information, de prévention, non seulement me plait mais me semble indispensable pour que notre profession ne tombe pas dans l'oubli le plus total. Il me semble aussi combler une lacune pour ces jeunes qui, non seulement ont de moins en moins l'occasion d'être en contact avec le processus" maternité» avant de le vivre eux mêmes, à cause de la baisse de la natalité, mais surtout n'ont que très rarement l'occasion d'en entendre parler de façon positive, chaleureuse et valorisante, tant il est vrai que notre société ne privilégie trop souvent que la pathologie.

     J'ai eu aussi l'occasion de rencontrer dans mon cabinet des femmes déterminées, du genre qui vient vous voir avant d'être enceintes, histoire de vous tester, et de voir si elles pourront venir vous voir après, si vous correspondez bien aux critères qu'elles recherchent pour la naissance de leur enfant. Je dois avouer que j'ai beaucoup de tendresse et de respect pour ces femmes, qui pourtant me font parfois passer un " sale quart-d'heure» à force de poser des questions toujours plus pointues, de me pousser dans mes retranchements pour s'assurer de ma sincérité. Quand, rassurées et souriantes, elles se lèvent enfin, je sais que la partie est gagnée et que je les reverrais ... dans quelques mois.

     Notre humanité et notre complicité de femme est aussi sollicitée par les parturientes, même quand elles savent pertinemment que nous ne pourrons pas grand chose pour elles, techniquement parlant. Je veux parler de la fausse couche spontanée. Le mois dernier Isabelle demande un rendez-vous après une conversation où je sens bien que sa grossesse est menacée, et qu'elle le sait. Elle avait déjà pris contact deux mois auparavant parce qu'elle se savait enceinte et désirait accoucher chez elle. Mais elle savait reporté ce rendez-vous. Elle fait, avec son mari, 60 kms pour me confier les faits suivants: test de grossesse positif il y a deux mois, elle présente des saignements noirâtres depuis 15 jours, à la suite desquels elle demande une échographie. Un obstétricien lui annonce que la grossesse est arrêtée depuis longtemps et qu'il faut qu'elle soit hospitalisée le lendemain pour curetage; " Pourquoi si vite? "demande-t-elle ? " Parce qu'après ce sera mon associé, je pars en congé» répondit-il. Pas vraiment convaincue de l'intérêt de cet argument pour sa santé, et ayant, bien sûr besoin de temps pour se faire à cette triste nouvelle, Isabelle décide d'attendre une semaine, d'autant qu'elle ne souffre pas et saigne très peu. Elle repasse une autre écho avec le remplaçant cette fois, qui lui dit que le bébé a grossi entre les deux échos, mais que c'est sûr, la grossesse est arrêtée et. .. qu'il faut qu'elle soit hospitalisée le lendemain pour un curetage!

     Là, Isabelle ressent la nécessité d'une parole de femme, d'une parole de sage-femme. Nous passons un long moment à envisager toutes les éventualités, sachant que le plus vraisemblable est que malheureusement cette grossesse ne va pas tenir. Mais devant le " flou» médical: « ce bébé qui est mort mais qui se remet à grossir une semaine mais qui est mort quand même», elle ne sait plus ce qu'elle porte en elle, et se dit que si l'enfant a décidé de partir, il saura bien le dire lui-même. Je l'encourage en ce sens, d'autant qu'à l'examen, le col est long tonique, fermé. Le mari assiste à l'entretien, je le sens très affecté de cette situation, cet enfant était désiré, et il regarde avec tendresse et admiration cette compagne qui, simplement, pudiquement, vient demander un soutien et du temps pour faire son deuil de cet enfant là. Deux jours après elle me téléphone pour me dire que les saignements sont plus importants et que son col s'ouvre. Nous convenons alors ensemble que cette fois elle peut se fair hospitaliser car le curetage pourra se faire dans les meilleures conditions. Elle m'appelera trois jours plus tard pour me remercier de" l'avoir laissée y croire encore un peu », car ditelle, dans ce temps là le bébé a pu se permettre de partir, et elle a pu accepter ce départ comme étant une expression de la liberté de son enfant. Et, elle me donne rendez-vous pour le prochain, qui lui, restera, elle en est sûre!

     Ce cas met en évidence le besoin de lieux où la parole peut-être exprimée et entendue par des professionnels qui sachent écouter sans juger, en respectant le rythme et l'hisotire de chacun. Il est indispensable que nous, sages-femmes, gardions cette spécificité auprès des femmes.

     Nous l'avons vu, la constatation de grossesse peut être par la sage-femme. Mais comme une visite médicale est obligatoire avant le quatrième mois pour avoir droit aux primes prénatales, c'est souvent à partir de ce moment là que les femmes demandent leur première consultation, même si la plupart, surtout celles qui ont déjà accouché avec nous, s'offrent le plaisir de nous annoncer cette nouvelle grossesse par téléphone ou par courrier.

     La loi de 1982, nous ouvre des possibilités très étendues en matière de surveillance de la grossesse normale: la prescription de tous les examens biologiques de « routine» est de notre compétence. Un problème cependant : nous pouvons prescrire une N.F.S., mais pas unesidérémie, ni uneferritinémie, ce qui est assez anachronique en 1994.

     Notre rôle pendant la grossesse sera aussi de dépister la pathologie. Comme le disait notre consœur Astrid Limburg : " Le filtrage de la pathologie se fait chez la sage-femme, une sagefemme est familiarisée avec toutes sortes de pathologies. Son but n'est pas de manier la pathologie mais de la dépister aussi tôt que possible et de l'adresser à l'obstétricien. La sélection, physiologie ou pathologie est entre les mains de la sage-femme ".

     Mais quelques, années d'expérience nous permettent de comprendre que souffrance n'implique pas nécessairement pathologie : en voici un exemple fréquent: Christine se présente à sa 2e consul-tation prénatale. Elle attend son premier bébé, qui vient juste d'entrer dans son quatrième mois d'existence. Elle est triste, elle est pâle.

     Commence alors l'énumération des maux. Consciencieuse, je note ce qu'elle me dit sur son dossier: elle dort mal, a des nausées, ne mange plus rien mais grossit trop, d'ailleurs elle est ballonnée, a mal aux jambes et des fourmis dans les doigts ... Me revient cette phrase concernant le langage organique: " ii n'est organique que de n'être pas langage » (O. Vasse). Je pose donc mon stylo et j'écoute Christine. Elle s'en rend compte et continue d'un air de plus en plus pathétique, comme pour mieux me convaincre. Enfin, le flot des mots s'arrête. Doucement, dans le silence apaisant, je lui demande : " Et avec votre mari, ça va ?" Un éclair passe sous les paupières de Christine qui relève la tête: méfiance, circonspection ... Christine me jauge ... J'essaye mentalement d'ouvrir toutes les portes de mon cabinet, faire rentrer de l'air, apprécier le silence ... j'attends ...

     Un sourire se dessine sur les lèvres de Christine. L'éclat de ses yeux veut dire autre chose : complicité, humour ... en quelques secondes, elle a pris du recul. Christine a décidé de faire confiance: après tout, ne sommes nous pas entre femmes? Bien sûr, elle parlera de son mari qui a dû partir en déplacement toute la semaine. Nous apprécierons ensemble ces petits maux, mais surtout nous essayerons de situer le bébé dans le ventre. Nous entendrons son cœur, " allons, tout va bien, se dit Christine, je suis bien enceinte et ce bébé va me donner le courage de supporter l'absence de son père ". Bien sûr, il aurait été plus rapide-et ça aurait peut-être fait plus" sérieux» de prescrire un anti-acide gastrique, et encore autre chose pour la circulation, et un bilan sanguin complet, etc ... Que ne sommes-nous capables de prescrire pour ne surtout pas entendre l'angoisse de l'autre, pour ne pas perdre trop de temps, pour passer pour des gens sérieux sachant manier les ordonnances ... !

     Le temps, c'est le plus beau cadeau que nous puissions faire, nous sages-femmes de famille, aux couples qui nous font la joie, j'allais dire l'honneur de partager avec eux ces moments privilégiés.

     Nous ne nous sentons pas toujours comprises dans cette attitude par nos collègues, où nos amis médecins et obstétriciens qui travaillent plus dans le « faire » que dans le « laisser-faire ». Quand il m'arrive de parler d'une nuit blanche et encore d'une matinée dans l'attente d'un col, d'un corps (et nous savons qu'il s'agit aussi d'un cœur et d'un esprit) qui s'ouvrent, je les entends penser que, avec eux, ça n'aurait pas trainé comme ça. On aurait fait çi, et on aurait fait ça. Nous avons aussi souvent l'impression que, sous-entendu, il y a la notion de "faire prendre des risques », les fameux risques ... Tous les chiffres, nous le savons, démentent cela. Il y a moins de risques à prendre du temps, à respecter le rythme de la femme, celui du bébé, parfois celui du père, qu'à instrumenter par « précaution ».

     Je voudrais vous faire partager, pour conclure, une petite « tranche de vie » d'une sage-femme libérale, d'une sage-femme de famille ...

     Je vois avec inquiétude la fin de l'année 1993 approcher et avec elle, 8 accouchements prévus à la maison sur 3 semaines ...

     Laurence attend le deuxième pour le 21 novembre. Christine aussi. Joke attend le quatrième pour le 1 er décembre. Nathalie pour le 2. Mireille, pour le 3. Brigitte attend le troisième pour le 4. Béatrice, le quatrième pour le 10 et Françoise, le premier pour le 15.

.. Comment vais-je gérer tout ça ? Et si deux se mettent en travail en même temps?
     Fort heureusement, la vie a mis sur ma route Cécile, une sage femme qui me remplacera au cabinet pendant que j'irais sur les routes ... De jour comme de nuit, vous vous souvenez? Et par tous les temps ... parlons en du temps: pluie et brouillard constants sur le Lot et Garonne!

     Ça commence un dimanche soir à 23 heures par un appel d'Ed dard, le mari de Joke " Vite, vite, elle a des contractions depuis une demi heure, et depuis 10 minutes c'est fort! »Alors, vite, vite, je saute dans ma voiture et arrive juste à temps pour accueillir un petit Luc qui sort comme un bouchon de champagne. Il n'est pas bien gros mais montre un tel enthousiasme à têter que je quitte la famille, 2 heures après, sans aucun souci.

     C'est surtout pour Laurence que je suis soucieuse. Je n'aurais peut-être pas dû accepter: elle habite à 130 kilomètres, soit 1 h 30 de route ... Mais comment refuser? Laurence a appelé vers le 7° mois, d'une voix très angoissée: " Vous ne vous souvenez sans doute pas de moi, j'étais venue, il y a 6 ans, faire la préparation à l'accouchement, j'ai accouché sous péridurale et avec forceps à l'hôpital. Entre temps j'ai changé de nom, de région, et j'attends un deuxième enfant avec mon nouveau compagnon. Je suis suivie par un gynécologue et je devais accoucher à l'hôpital du coin. Je suis allée visiter hier. Les sages-femmes étaient très accueillantes. ça avait l'air bien, mais, comment vous dire. Tout m'est remonté (elle pleure), mon accouchement et mon premier couple raté, ma solitude après, mes autres interventions chirurgicales, tout c'est mélangé ... Je crois que je ne pourrais pas ... alors, j'ai pensé à vous, si vous acceptiez de venir chez nous pour l'accouchement, d'autant que mon nouveau mari est tout à fait d'accord ... et pour ma fille aussi, on en a tant vu toutes les deux, je ne veux pas la quitter» "Que dire, comment refuser? Est-il normal qu'un couple soit obligé de faire 130 kilomètres aller et autant au retour pour rencontrer une sage-femme? Il yen avait une installée dans cette région. Elle a mis la clef sous la porte au bout d'un an faute de travail. J'ai donc accepté de recevoir ce couple, sous toutes réserves de physiologie bien sûr. Laurence était sous Utrogestan, la panacée en obstétrique en ce moment semble-t-il.

     J'ait tout de suite été conquise par ce couple conscient qui s'est préparé sérieusement à cette naissance. Ils venaient dormir chez des amis de Marmande la veille des rendez-vous. La grossesse s'est terminée sans problème (et sans Utrogestan).

     C'est dans la nuit du 18 novembre, vers 22 h 30 que Laurence a ressenti les premières contractions. Compte tenu de la distance, j'ai décidé de me mettre en route aussitôt. Le futur père n'était pas resté inactif en m'attendant. Dans la chambre où était prévue la naissance, il faisait 25° C. La lumière était douce. Le sol était protégé par du plastique. Nous avions réglé ensemble tous ces détails lors d'une précédente visite que je fais toujours à 38 semaines.

     A mon arrivée, Laurence était tranquille. Elle montait et descendait de la cuisine à la chambre. Le col était à peine ouvert à 2 centimètres et épais. Même chez elle, elle avait besoin de temps pour investir ce nouvel accouchement. Nous lui laisserons ce temps. La petite fille de 5 ans dormait à poings fermé. J'ai laissé le couple dans sa chambre, dans son lit, avec mission pour le mari de donner des granulés homéopathiques à sa campagne toutes les 30 minutes, et de bien la masser. Je suis allée lire dans la pièce d'à côté. A 3 heures du matin, le col était plus souple, la poche des eaux bombante, les contractions plus longues. Laurence a trouvé du soulagement à s'asseoir sur le siège (d'accouchement- Siège d'accouchement ou Birth Mate mis au point par des sages-femmes des Pays Bas)). A 6 heures, elle était à 6 centimètres, à 7 heures, un bout de col résistait encore. Laetitia s'est réveillée. A la demande de ses parents, je suis allée la voir: " Le bébé est en route, il sera bientôt avec nous, tout va bien, ta maman va bien, peut-être qu'elle va crier un peu, mais c'est normal, c'est pour se donner du courage ... " La fillette m'écoute sérieusement ". Elle me connait. Elle est venue plusieurs fois au cabinet. Elle a envie de me faire confiance, et quand je lui dis que sa maman préfère qu'elle reste dans sa chambre jusqu'à la naissance, que je viendrais la chercher tout de suite, elle me croit, 10 minutes plus tard, nous l'entendons chanter dans sa chambre. Laurence sent que tout est en place, le col passe à complète dilatation. Le bébé s'engage, et c'est à 9 h 15 que nous accueillons Benoit, dans une explosion de joie. Laetitia a compris, elle est déjà derrière la porte quand je sors pour l'appeler. Le moment est à la rencontre. Le moment est à la tendresse. La sagefemme s'éclipse discrètement et attend derrière la porte que ces quatre là fassent connaissance, s'embrassent, pleurent souvent en pensant qu'il rient. ..



     Je reste à portée de voix, et quand je sens que la tension retombe un peu, je reviens, rituel de la section du cordon, évacuation du placenta (de réalisation très simple quand les femmes sont sur le siège d'accouchement) soins à la mère et à l'enfant, mise au sein ... gestes simples, ancestraux, évidents ... gestes de femmes? de sages-femmes ...

     Je quitterais une maison apaisée et heureuse vers 12 heures. La maman de Laurence est en route pour s'occuper du ménage quelques jours. Le jeune père, complètement sur un nuage, a besoin de temps pour atterir, et se met en congé paternité pour au moins 15 jours ... Pas question pour Laetitia d'aller à l'école aujourd'hui ... n'est-ce pas ainsi que ça devrait toujours se passer?

     Je réintègre mon cabinet à 13 h 30 ou un groupe de jeunes écoliers m'attend depuis le matin. Nous parlons ensemble de maternité. Ils ont préparé des sandwichs. A 14 heures arrive un groupe de mamans pour le massage des bébés. La vie continue. Appel vers 18 heures de Laurence: "tout va bien ".

     J'y retournerais le lendemain matin (3 heures de route, une heure sur place). J'effectuerais un examen somato-neurologique du nouveau-né et la surveillance normale de la mère. S'il révélait le moindre problème, je demanderais une consultation pédiatrique ou du médecin de famille généraliste au 8e jour. Dans la mesure où tout va bien, je viens en visite à domicile tous les jours pendant trois jours, puis un jour sur deux jusqu'au 8e jour chez les multipares, et tous les jours pendant 8 jours pour les premiers bébés. Au 8e jour, je pratique le test de Guthrie, repèse le Bébé, m'assure que le rendez-vous avec le médecin généraliste a bien été pris. Il faut dire que la plupart d'entre eux nous sont finalement reconnaissants de cette pratique, car celà leur redonne l'occasion, rare pour eux. Depuis l'avènement des pédiatres, d'examiner des nouveau-nés. Je donne rendez-vous pour la visite post-natale et le bilan périnéal à 1 mois et demi. Bien sûr, celà est modulable, et il est toujours possible que je sois appelée au 108 jour et même au 208 : c'est aussi une originalité de la sage-femme libérale auprès des femmes dans la matemité : nous sommes responsables de la maman 12 jours après l'accouchement, et de l'enfant 1 mois après sa naissance.

     C'est aussi une réalité dure à vivre au quotidien, pour des raisons financières, et nous évaluerons cet aspect tout à l'heure.

     Christine a eu la bonne idée de se mettre en travail, le 25 novembre, c'est à dire juste une semaine après Laurence, dont j'avais cessé la surveillance la veille. Christine m'appelle donc à 8 heures du matin, le 25 novembre, elle a des contractions régulières depuis 5 heures, supportables. Elle habite à une trentaine de kilomètres. C'est donc tranquillement que je me mets en route ... A mon arrivée, même plaisir, même calme, même chaleur. .. Leur enfant Léo, 2 ans plein de santé est chez sa grand-mère, vu le tonus, c'est plus sage ...

     Christine était venue me voir en consultations prénatales pour le suivi médical de sa première grossesse et la préparation de l'accouchement, mais n'avait pas, comme elle dit, franchi le pas de l'accouchement à domicile, seule altemative puisque, à ce jour, je n'ai pas de plateau technique à ma disposition. Elle était donc allée accoucher à l'hôpital, où tout c'était très bien passé, hormis une infantilisation qu'elle déplorait.

     Pour le second enfant, le choix du domicile lui a semblé évident, et quand je suis arrivée, elle était déjà dilatée à 7-8 centimères. Pendant le reste du travail, elle a établi une relation privilégiée avec son radiateur, s'accrochant à lui, s'accroupissant, et éclatant de rire chaque fois qu'elle en prenait conscience ...

     Et c'est à 10 h 57 que Nathan, un superbe bonhomme de 4 kg 200 est venu nous rejoindre, tout étonné d'être déjà au port et continuant de pousser avec force sur ses pieds plusieurs minutes après sa naissance.

     Je prendrais beaucoup de plaisir à vous emmener encore avec moi pour l'accouchement de Françoise, qui nous a surpris dans la nuit du 27 novembre, alors qu'on l'attendait le 15 décembre, et de Mireille, qui, la nuit suivante, nous a offert un deuxième petit garçon, et de Nathalie, qui nous a présenté Sarah encore la nuit suivante ... Et enfin, sont nés, dans l'ordre, Julie et Colin.

     Ce que je voulais mettre en lumière, c'est que tous ces enfants sont nés à la maison (et chacun leur tour !) mortalité, morbidité périnatale: 0 %, césarienne 0 %, épisiotomies: 0 % (sur 8 accouche-ments, 6 périnées intacts, 2 petites déchirures sur anciennes cicatrices), hospitalisations: 0 %, allaitement au sein: 100 %.

Pour ce travail, la sage-femme a passé:
- 72 heures en accouchements, dont 30 heures de nuit, dont la plupart ne seront pas prises en compte. Quand la naissance a lieu après 8 heures du matin, l'accouchement est considéré comme ayant eu lieu de jour, même si l'on a passé plusieurs heures de nuit. Cela a été le cas pour Françoise, auprès de laquelle, j'étais à 4 heures du matin et dont le bébé est né à midi, pour Brigitte, qui m'a appelée à 3 h 30 et qui a accouché à 9 h 28, de Mireille, qui a accouché à 8 h 07, après 4 heures de travail, de Laurence, pour laquelle je me suis mise en route à 22 h 30 et dont le bébé est né à 12 heures.
- 50 heures en surveillance postnatale comprises dans le forfait accouchement et que nous facturons (V-C) = 21 francs, mais oui ...
- 90 heures sur les routes, pour un minimum de 5400 kilomètres, dont au moins 20 heures de nuit.

     Pour ce travail, la sage-femme a facturé, environ, 7980 francs pour les forfaits accouchements, soit 122 heures de travail, salaire horaire brut: 65 francs.
Elle a également facturé 8640 francs d'indemnité kilométriques, indemnité Horaire brute: 96 francs.

     Ce qui donne une moyenne de rémunération de 80 francs brut de l'heure, dont il faut bien sûr soustraire l'essence, l'amortissement de la voiture, les cotisations U.R.S.S.A.F., et à la caisse de retraite, le loyer du cabinet et ses charges ... j'en oublie sûrement. ..

     C'est lamentable et cela ne fait que s'aggraver (toutes nos charges augmentent, mais nos honoraires sont bloqués depuis 1988, à des niveaux ridicules ... qui s'en soucie? .. ) La perte des valeurs est-elle dans ce pays que seul compte le rapport de force, et les représentants des sages-femmes n'en ont aucun. Voilà, des années que l'on nous promène d'une réunion à l'autre, d'un projet à l'autre, d'un ministère à l'autre ... même quand nous arrivons enfin à obtenir une loi (après 9 ans de procédure) comme celle qui nous permettrait d'avoir enfin accès aux plateaux techniques hospitaliers, toutes les raisons sont bonnes pour nous les refuser ou pour nous faire passer par le chas d'une aiguille ...

     Comment voulez-vous que des jeunes sages-femmes décident de se risquer à l'accompagnement global de la maternité?

     Pourtant, nous sommes encore un certain nombre à y croire, et même des jeunes, puisque Cécile, qui me remplaçait l'an dernier, est devenue mon associée cette année.

     Aujourdh'ui trois dames ont demandé un rendez-vous et nous vivons déjà dans le plaisir de cette nouvelle rencontre. Comme nous savons le faire, comme nous essayons toujours de le faire au mieux, nous les accueillerons là où elles en sont de leur histoire. Nous les accompagnerons avec le plus de conscience et le plus d'amour possible sur ce beau chemin de la maternité, parce que nous savons, et c'est toute la beauté de notre métier depuis le début de l'humanité, que c'est en accompagnant avec conscience et amour la naissance de chaque enfant qui naît dans le monde que l'on peut gagner le pari de plus de conscience et de plus d'amour dans le monde de demain.

 


 

 










19/07/2009
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PLAIDOYER POUR AUTRE NAISSANCE, Doris Nadel, sage-femme


Plaidoyer pour une autre naissance

Doris Nadel, sage-femme libérale, Montpellier  (France)



     « Accouchement ou Naissance? ... Être ou ne pas être? .. Au Siècle des lumières, de l'action et du « Savoir Tout» tout de suite, comment la grossesse peut-elle encore durer dix mois lunaires et l'accouchement survivre aux règles modemes de précipitation? »

     La Naissance néanmoins, n'a rien perdu de son sens universel; événement intime mais aussi « mutuel» puisqu'il est « Mise au Monde»

     La Vie est « Naissances perpétuelles» ; chacun expérimente ces différents passages qui vont du fœtus au nouveau-né, du nouveau-né à l'enfant, de l'enfant à l'adolescent, de l'adolescent à l'adulte.

     Ma pratique de sage-femme et de la psychothérapie, m'a permis de constater l'importance de l'empreinte sensorielle, psychologique et affective de la naissance - ce premier passage - sur l'être en devenir et ses différents passages dans la vie.

     Les germes de l'instabilité et de l'angoisse, l'insécurité et le manque de confiance en soi, ont souvent leur origine dans la manière dont s'est déroulé l'accompagne- ment de la naissance et l'accueil du nouvel-être au monde.

     Séparer un enfant à peine né, de sa mère, c'est lui refuser la chaleur, l'émotion, la tendresse et l'amour dont il a besoin après les périples de l'enfantement; c'est aussi couper l'homme futur de ses racines et oublier de préserver la Création du Lien, fondement de toute relation humaine et de l'autonomie.

     L'autonomie, la responsabilité de conduire sa vie selon un but déterminé, la volonté de s'intégrer à un Tout plus vaste et de participer à l'évolution humaine et spirituelle, sont sans doute les bases du « Devenir Adulte ».

     Mais le sujet n'est pas qu'est-ce qu'un adulte? Il s'agit plutôt d'un « Plaidoyer pour une autre naissance» !

     Pourquoi une autre naissance? Y-a-t'il différentes façons de naître? Qu'est-ce qui dans la manière d'accoucher ou de voir accoucher est de l'ordre de l'instinct, qu'est-ce qui représente un acquis, une culture? Pourquoi un peuple qui perd le sens de la Naissance, perd-il le sens de son humanité?

1 - LA NAISSANCE PHÉNOMÈNE DE SOCIÉTÉ

     L'environnement de la naissance, l'accueil du nouveauné, traduisent les usages d'une société.
« Ainsi l'accouchement peut avoir de multiples visages: à New-York, cinq à six machines et écrans de télévision assistent l'accouchée qui se trouve ainsi plongée dans une aventure digne de son époque et sécurisante pour l'équipe obstétricale, tandis qu'à N'Djaména, sur la terre rouge et poussiéreuse de la case à ciel ouvert, les femmes de la tribu assistent, encouragent et éventent celle qui va donner le jour ».

     L'accouchement est un passage - parfois difficile - pour la mère et l'enfant, et ce moment a des résonances dans les domaines de la médecine, de la religion, de la démographie, et d'une façon générale, il est révélateur des croyances et mentalités.

     La médicalisation systématique de la naissance, traduit bien un changement de société - où l'efficacité et la sécurité des personnes l'ont emporté sur la chaleur et les solidarités humaines.

     Au travers de cette évolution, où le rite familial disparaît derrière une gestuelle d'ordre technique à visage impersonnel, on perçoit des rejets de plusieurs natures:
          - refus de la douleur, refus d'attitudes magico-religieuses, refus du risquede mort.

      Autrefois, l'attente d'un enfant, comme le temps de travail de la femme qui enfante, sont profondément dépendants d'un rythme qui tient à l'espèce. La perception de ce temps est un témoignage d'insertion dans les cycles naturels, un signe de patience ou d'impatience.

     Devant la durée des choses, l'individu s'adapte ou se rebelle, et l'accouchement est un bon révélateur d'attitudes.

FAUT-IL LAISSER FAIRE OU INTERVENIR?

     Ces deux manières d'appréhender la vie se traduisent chez les accoucheurs par une conception très différente de leur rôle.

      « Elles attendent que la nature fasse» - Voici ce que répétaient à propos des sages-femmes, les médecins d'autrefois. Accusation d'ignorance la plupart du temps, reconnaissance de sagesse parfois.

     Le choix de l'attente et de la confiance est lié au sentiment que l'ordre naturel est bon, et à une recherche de correspondance étroite entre l'homme et l'univers: patience et humilité devant la Création que traduisent le « laisser faire» ; attitude qui appartiendrait au Féminin.

     La volonté de hâter les choses et de régler les situations difficiles est le comportement dynamique de celui qui « sait» et se méfie des éléments; une démarche de confiance de l'homme en lui-même, une aptitude à utiliser le progrès scientifique et technique comme salutaire.

     Le plaisir d'entreprendre, d'agir, de faire vite, de maîtriser les éléments par conviction intellectuelle ou par besoin d'être ressenti comme « indispensable », proviendrait davantage du Masculin.

     L'alternative n'a pas d'âge: la tendance dominante aujourd'hui étant celle de la technicité de l'accouchement et de sa standardisation. L'acte obstétrical est efficace, rigoureux, mais rapide et rarement chaleureux.

     Il est temps aujourd'hui de retrouver notre" bon sens ", de chercher à rendre nos interventions moins systématiques ; nous poser la question d'une naissance plus spontanée, plus naturelle, plus humaine.

     Car si la médicalisation de l'accouchement a permis de diminuer considérablement la mortalité périnatale et infantile, elle n'en commet pas moins pourtant, des excès qui dénaturent la naissance en lui retirant son aspect affectif, humain et " sacré" (Inviolable - Petit Robert).

     Utiliser tous les moyens dont la science dispose de technicité hypersophistiquée ou de médications à bon escient, traduit l'intelligence clinique des praticiens; mais si nous devenons esclaves de la technique que devient notre " savoir être" et " savoir faire" humain?

     Aucune thérapeutique, et ce, dans quelque domaine que ce soit, ne peut faire l'économie d'un accompagnement humain de qualité.

     Aujourd'hui, dans nos sociétés, la Naissance et la Mort, phénomènes naturels et humains ont lieu dans des institutions spécialisées. La responsabilité individuelle, l'implication personnelle, sont déplacées vers la responsabilité collective et sociale. Le " Progrès scientifique", la " Sécurité " - leitmotiv de nos sociétés industrialisées justifient toute sorte d'exactions!

     Ainsi dans le domaine de la naissance, l'uniformisation de la position allongée des parturientes, facilite surtout le suivi du travail sous monitoring et l'aisance d'interventions des accoucheurs; elle ne respecte en rien une loi de la physique élémentaire qui veut qu'un " poids" (en l'occurrence le bébé ... ) " chute" mieux en position verticale!

     La direction systématique du travail, les déclenchements de" confort ", l'induction tacite de la péridurale - faute d'un accompagnement global adapté - font état d'un irrespect total de la physiologie.

     La Physiologie n'est-elle pas l'étude de la nature? Claude Bernard dit: " La physiologie est la science qui étudie les phénomènes des êtres vivants et détermine les conditions matérielles de leur manifestation ». Voilà sans doute où le " bât blesse" dans nos formations actuelles de médecins et de sages-femmes! On y apprend davantage le " risque" et la " pathologie" que le fonctionnement et les conditions nécessaires à la santé.

     Pourtant la grossesse et l'accouchement ne sont pas des maladies!

     La naissance est un " acte de vie et de santé, dans un corps sexué féminin, un couple, une famille, une communauté, un état ". (Pauline Bessonart)

     En nous éloignant de la physiologie et des réalités psychologiques de la naissance, nous manquons au respect du premier principe d'Hippocrate: " primum non nocere " (en premier ne pas nuire).

     Qui plus est nous induisons plus qu'il n'en faudrait, les césariennes et autres extractions instrumentales, qui du point de vue psychologique, ne sont pas sans séquelles pour la mère et l'enfant.

     L'enfantement est" rupture ", phénomène immuable, donnée de l'espèce: la mère doit perdre, couper; l'enfant se sépare et devient un.

     Aucune civilisation, aucune technique ne peut faire l'économie de ce passage que chaque mère vit avec plus ou moins d'intensité, en relation étroite avec son histoire personnelle et familiale.

     L'empreinte de sa propre naissance, lui fait espérer, craindre ou redouter de perdre ce qui l'habite; l'inquiétude naît de souffrir pour s'en séparer; la peur est sous-jacente à toute rupture.

     L'accouchement est souvent vécu au travers de modèles familiaux et culturels. Autrefois, les femmes isolaient les espaces de naissances, et l'enfantement célébré à huis clos servait la transmission des pratiques anciennes et rituelles.

     La femme en travail retrouve spontanément, si l'environnement le lui permet, sa nature profonde; sa façon d'être, son tempérament influence sa physiologie, le rythme et la périodicité de ses contractions.

     La position qu'elle adopte pour accoucher, instinctive ou contrainte, traduit la conscience ou la méconnaissance qu'elle a de son corps. Les femmes de toutes cultures ont pratiqué la ou les positions qui soulagent. C'est à partir du 17 S. que les accoucheurs jugent les positions courbées ou accroupies comme indécentes, " barbares ", assimilant le geste juste pour le corps de la femme, à un état de" quasi bestialité ". Qu'invoquons-nous aujourd'hui, pour restreindre la liberté des positions dans la plupart des lieux de naissance?

     Le cadre sécurisant du milieu hospitalier, devrait nous permettre pourtant davantage de liberté, ayant à notre disposition personnel et matériel compétent et performant si besoin est...

     Trop souvent, le sentiment de ce qui doit se faire, de ce qui est décent de ce qui s'est toujours fait dans le passé, est très lourd et induit des attitudes très façonnées.

     Dans certains pays, pourtant, la naissance reste dans les familles un moment hautement ritualisé; le recours traditionnel aux médecines naturelles, le respect du placenta et les rites autour de ce tissu fécond, restent vivants chez tous les peuples de civilisation peu industrialisée. Dans la vie de ces mères, immigrées dans nos pays industrialisés, s'impose un jour la confrontation des usages anciens, empiriques, et de la pratique acquise par l'expérimentation systématique et novatrice.

     Ce " conflit" est celui du comportement acquis de la femme, reproduisant gestes et habitudes propres à l'enfantement, depuis que naissent des enfants, et de l'intervention  médicale, qui apparaît en France et en Europe à la fin du XVIIe siècle.

     L'une de ces démarches est de l'ordre de l'affectivité, du sentiment, de transmission orale et massive; l'autre est de l'ordre de l'intellect, diffusée par les écoles et les livres. Le corps humain est perçu dans sa richesse propre, délié des valeurs psychologiques et spirituelles.

     Dépersonnalisation, soumission à l'environnement médical et aux praticiens, dépossession des compétences maternelle et parentale, en sont le résultat. L'idéologie du " risque" nous conduit à une" peur» médiatisée, transformant la naissance, célébration de Vie, en maladie!

     Cette peur viscérale de la maladie et de la mort, entraînent une cristallisation des habitudes et attitudes garantissant le maximum de sécurité.

Mais de quelle sécurité s'agit-il?

     Dans le domaine de l'Obstétrique, les techniques de surveillance (thérapeutiques et opératoires), paraissent capables d'assurer la sécurité physique des personnes; mais leur bien-être psychologique n'est-il pas aussi indispensable?

     A l'éclairage de la psycho-somatique, nous savons qu'un mal-être psychologique crée des perturbations dans le domaine fonctionnel. Entendre et respecter les besoins d'une personne sont donc nécessaires au bon déroulement de sa physiologie.

     Garantir la sécurité physique des personnes sans prendre en compte leur dimension psychologique et affective, c'est assurer la " survie" d'un être en niant son " essence" psychique, qui précisément différencie l'être humain du robot.

     Notre " sens humain » est trop souvent, de nos jours, sacrifié sur l'autel du progrès scientifique!

     Mais de quel progrès pourrions-nous réellement nous enrichir, si ce n'est en matière d'humanité; intégrer le sens du service, de l'entr'aide et de la solidarité?


- qui es-tu toi demande le bébé  ?
- Doris ta sage-femme !

Il - LE SENS DE LA NAISSANCE ET DE NOTRE PROFESSION

     La Naissance nous offre l'opportunité de changer le visage de notre humanité et d'explorer en tant qu'accompagnant, tout notre potentiel et " savoir faire" humain.

     Notre siècle nous a ouvert le monde de la psychologie, au sens de connaissance de l'âme humaine, d'étude scientifique des phénomènes de l'esprit, de la pensée, du comportement, caractéristiques des êtres vivants chez qui existe une connaissance propre de leur existence.

     Comment peut-on prétendre au progrès en faisant l'économie de cette connaissance? (co-naissance naître avec).

     Comment comprendre et appréhender le " mal être» de notre humanité actuelle sans comprendre l'origine de notre propre mal être et celui qui nous entourent et dont nous avons la responsabilité d'accompagner?

     La Naissance est la " venue au monde" d'un nouvel être humain qui demain bâtira notre Futur. Or quel accueil lui faisons nous ? S'agit-il d'accueillir un "individu ", une personne à part entière, en favorisant avec respect la naissance d'une humanité pleine, ou de garantir l'arrivée d'un" produit humain» conforme et sans risque?

     La naissance d'un enfant, nous ramène toujours à nos origines, au mouvement perpétuel de la vie, au Passage; un nouvel être arrive, tous sens en éveil, s'ouvrant au sens de la vie. (Naît-sens).

     Il y a à subvertir beaucoup d'idées préconçues pour arriver à découvrir en chaque enfant qui naît, une personne, l'humanité pleine et déjà profonde dès les premiers regards, un poème à cœur ouvert.

     Nous sommes tous des bébés prolongés et nous avons presque tous perdu la mémoire; alors partir à la rencontre du bébé, n'est-ce pas simplement redescendre en nous-mêmes?

     Autrefois, le nouveau-né était accueilli dans son contexte familial, aidé d'une matrone, à domicile. Il voyait le jour dans " son monde », entouré de ceux qui l'avaient conçu, dans ce qui allait devenir son" univers », lieu de sa formation d'être humain.

     Le lien entre l'étreinte qui a conçu l'enfant, le père qui l'a engendré et sa venue au monde était ainsi réalisé.

     Banaliser" l'acte de naître », banaliser la création du lien mère-enfant-père conduit à banaliser l'accueil de la Vie et à la naissance d'une société où les valeurs essentielles que sont le respect, la tolérance, le sens de l'accueil et l'amour deviennent de plus en plus inexistantes.

     Cette banalisation conduit à séparer brutalement l'enfant de sa mère par la section immédiate du cordon ombilical, par " l'enlèvement » hâtif du petit du corps de sa mère, sa terre d'accueil et de sécurité. Encore une fois, il y a rarement urgence clinique, mais trop souvent hélas gestuelle systématique, dénuée de sensibilité, pour préserver le " label » sans risque!

     Quelles sont les agressions que subit l'enfant, quelle est la puissance de cette rupture, comment rejaillit-elle sur sa " sécurité de base » et de son avenir, de quelles peurs durables sera-t-il victime faute de n'avoir su permettre une séparation douce et réparatrice?

     Cette première empreinte que reçoit l'être qui vient au monde, ne mérite t-elle pas de s'inscrire dans un climat d'amour, de joie et de convivialité? Il nous appartient de ne pas laisser la violence imprégner notre humanité naissante!

     Chaque individu est pétri de son histoire et de celle de l'humanité; il accumule dès sa naissance, au travers de son corps, de ses émotions et de ses sensations, une multitude d'informations, qu'il intégre et le conduisent peu à peu.

     Osons simplement regarder en nous mêmes ; un pas accompli avec l'expérience en vaut mille effectués par le savoir ...

     Ainsi l'être" arraché" à sa terre maternelle, sans égard de gestes et de parole, est-il en profonde insécurité, déraciné, en quête perpétuelle de protection et d'assistance.

     Nos profondes difficultés à" grandir", à devenir adulte, ne sont-elles pas en partie liées à ce déracinement ? Pourquoi nous sentons nous si vulnérables quand il s'agit de choisir - donc de renoncer -, de quitter, de se séparer de l'autre, d'un métier, d'un mode de vie ? Serions-nous si attachés, enchaînés à notre passé, à nos souffrances, si résistants au changement, si nous avions pu vivre cette première séparation dans l'amour et le respect?

     Serions-nous si effrayés par le Passage, par la Mort?

     Si cet" autre monde" qu'est « l'Au-delà" de l'univers maternel de chaleur et de réconfort, dans lequel nous arrivons en naissant, n'est pas" sécurisant" du point de vue de l'Ëtre, nous imprimons dans nos fibres, la Peur ... Peur de " l'Autre ", du passage.

     Observons notre monde actuel, notre humanité, notre société.

     Ainsi, nous pouvons voir ce que la peur de l'autre engendre: sexisme, xénophobie, racisme, exclusion, appartheid.

     Les liens dont nous sommes tous tissés constituent la trame du " tissu humain ". Ces liens nous relient à la mémoire de nos ancêtres, à l'origine des temps et à l'histoire de l'humanité. Sans eux, nous sommes voués à fabriquer toute perversion qui va à l'encontre de l'universalisme. Préserver ces liens et en créer d'autres, voilà ce que permet ce moment d'exception qu'est la naissance.

     Citées dans la Bible, au livre de l'Exode, les sagesfemmes ont choisi la Vie, en épargnant les enfantes desexe mâle, que Pharaon avait ordonné de tuer. De part cette " sagesse" de se situer du " côté de la vie ", elles ont été nommées « sages" - inspirées des choses humaines et divines.

     Femmes, mères et sages-femmes avons notre responsabilité dans l'art de respecter, célébrer et accueillir la vie.

     Le devenir de notre humanité, comme jadis celui du peuple Hébreu, est aussi lié en partie à la manière dont nous accueillons l'être qui vient au monde.

     " Quand le premier cri jaillit, un profond silence s'installe, et l'on perçoit dans nombre de nativités, la vénération de tous: un être humain est né, cela coupe le souffle, émerveille celui qui s'approche, les émotions se bousculent, mais un grand respect demeure devant l'enfant porteur d'avenir".

     Aujourd'hui nous pouvons préserver cette célébration de la vie et être à la fois un technicien de son temps. Paracelse nous enseigne: " Il n'y a pas de science sans méditation " ; ainsi nous avons des mains, des yeux, un nez, des oreilles ... et d'autres sens encore; ne sont-ils pas là pour nous aider à mieux nous imprégner de l'autre et mieux l'accompagner?

     Justement le chemin de la grossesse parcouru ensemble, mère-fœtus-père et parallèlement la sage-femme, l'accoucheur, qui tentent d'éclairer l'inconnu" débroussaillent" et offrent leurs bras lors des passages difficiles, devrait aboutir à un accouchement sans crainte, totalement confiant dans l'ordre des lois de la nature.

III - QUELQUES RÈGLES SIMPLES POUR L'HUMANISATION DE LA NAISSANCE

     A l'éclairage des données qui précèdent, nous pouvons convenir, afin" de donner à la Vie toutes ses chances* ", et à la Naissance toute sa dimension humaine d'une trame à respecter pour chacune d'entr'elles.

     Vivre avec la réalité d'une naissance, c'est évoluer dans une dimension affective, humaine et sociale. Pour préserver cette réalité, il importe que les lieux d'accueil des futurs parents soient des lieux de convivialité; où l'aspect médical n'entre pas en conflit, en opposition avec l'aspect humain fondamental dont a tant besoin la société et l'ensemble des personnels de santé.

     Privilégier l'accueil de la mère, du père et de l'enfant tout en respectant notre éthique fondamentale, qui est de permettre la naissance d'une famille dans les meilleures conditions physiques et psychologiques.

     Aussi est-ce à chacun d'entre nous, de part la place que nous occupons dans les maternités et autres lieux de naissance, de retrouver ce sens fondamental et cette responsabilité qui incombent à notre métier.

     C'est aussi et avant tout, en étant solidaires les uns des autres, parents et professionnels, que nous pourrons atteindre ces objectifs.

     L'accompagnement global de la naissance se situe dans une dimension d'encouragements positifs, de sollicitude, d'écoute et de responsabilité. Il induit le fait d'être" avec" et" autour ". Une des grandes thérapeutiques universelle autour de la naissance, a toujours été la chaleur; chaleur humaine, chaleur physique ... De tout temps et par maintes cultures, les sages-femmes ont été nommées "Bonne Mère ", " Mère matrone ", la " Femme qui aide ".

      Ainsi la place ancienne et novatrice de la sage-femme doit elle se centrer sur l'entr'aide, la solidarité féminine, la Santé et non la maladie!

La santé d'une femme enceinte et de son petit passant par sa santé psychologique, la compétence des sagesfemmes doit s'orienter de plus en plus vers les réalités psychologiques de la naissance.

Notre métier est au cœur de la " relation d'aide ", et pour l'exercer avec art et sensibilité, il convient de développer nos qualités d'écoute et d'observation et de cultiver l'ouverture à l'autre.

A cet égard, il serait souhaitable que se développe dans les écoles de sages-femmes et ies services d'obstétrique, en complémentarité avec l'apprentissage théorique de la psychologie et de la pédagogie, le sens pratique de la communication et de la relation à l'autre.

     Notre profession évolue et s'adapte aux réalités de notre temps. Chacun de nous est confronté dans les lieux de son exercice à différents problèmes, qu'il doit résoudre pour préserver l'éthique d'une naissance respectant l'humain. Chacun, en fonction de son évolution personnelle et professionnelle qu'il convient de préserver et d'encourager? Un aspect sans lequel la vie perd son sens original, sans lequel notre métier est infirme? Sans doute l'avez-vous reconnu, il s'agit de l'Amour.

     C'est donc à chacun(e), de par sa réflexion et le sens de ses valeurs humaines, de faire passer le respect et l'amour du prochain dans sa pratique. C'est par nos actes et notre état d'être autour des futurs parents que progressivement nous induisons un autre type de travail.

     Chaque femme porte en elle un savoir millénaire concernant la naissance. En chaque corps de femme est inscrit une naissance passée et à venir; nous apprenons des femmes comme elles apprennent de nous; gardons humblement notre place de femme « sage ", et permettons à ces femmes de retrouver en elles-mêmes la confiance ... Confiance en leur capacité de « donner la vie ", confiance en leur compétence maternelle.

     La préparation à la naissance, permet en grande et compétence partie, quand elle est réalisée avec cœur, enthousiasme et compétence, d'informer, de rassurer, d'accueillir sensations et émotions, de guider la femme enceinte à retrouver en elle son potentiel d'adaptation pour ce « passage" qu'est la mise au monde; mais elle ne suffit pas à elle seule!

     L'environnement humain et médical de la naissance doit permettre aux femmes, aux parents, leur libre expression physique et émotionnelle:

- Ne pas imposer une façon d'accoucher, mais écouter les besoins des parturientes.

- Sachant que plus de 80 % des naissances sont physiologiques, éviter de s'affairer dès l'arrivée d'une femme en maternité, à l'allonger, la monitorer, la perfuser, de façon systématique, créant ainsi les conditions physiques et psychologiques défavorables au déroulement naturel de l'accouchement.

- Orienter l'accompagnement du travail sur le respect de la physiologie et non sur « l'affût" de la pathologie. - Observer les règles simples de surveillance clinique, avec tact, chaleur et discrétion, ne nous empêchent nullement d'être attentifs.

- Respecter le rythme de chacune, ses besoins d'expression physique: mobilité, variété des positions debout, assise, accroupie, à genoux, ou autre; une femme sur le point d'accoucher s'allonge spontanément rarement. On s'alite quand on est malade, le mouvement du corps s'accorde mieux avec le fait de donner la vie.

- Accueillir les émotions, cris, pleurs et sons, sans jugement; encourager leur expression.

- Savoir attendre, prévenir, guider, accompagner, mais aussi informer du déroulement de l'accouchement et expliquer l'utilité des médications qu'on emploie.

     Dans les contextes où l'on n'impose pas une position ou médication systématiques, où la femme est libre de se mouvoir et de s'exprimer, les accouchements sont en majeure partie eutociques.

     L'accouchement, par essence est « acte d'ouverture ", d'extériorisation.
     Chaque être humain s'ouvre davantage dans un climat accueillant et chaleureux, alors qu'il se ferme dans un climat qu'il ressent hostile.
     C'est un phénomène instinctif de défense.
     Quand une femme se sent agressée dans son intimité, elle se ferme, et par là-même retient son bébé.

     Stagnation de la dilatation, péridurale, forceps, ventouse, épisiotomie, césarienne, témoignent souvent de cette dysharmonie entre les besoins réels des femmes et l'environnement de la naissance. Il est temps pour le « bon sens" - le sens humain - de montrer le chemin de la vie! Jadis les sages-femmes laissaient le nourrisson s'habituer à l'air, sur le ventre de sa mère. Quand les poumons commençaient à fonctionner, le cordon ombilical réduisait de volume, s'affaissait et s'arrêtait de battre. Ainsi, le passage de la circulation fœtale à la respiration pulmonaire se faisait en douceur, respectant par là-même l'adaptation du nouveauné à la vie extra-utérine. Ainsi lové sur le corps de sa mère, puis délicatement détaché par les mains de son père qui le porte vers son premier bain, le nouveau-né est accueilli dans la tendresse et le calme.

     L'alternative du bain se veut surtout rassurante; en retrouvant le milieu chaud et acqueux qu'il vient de quitter, le nouveau-né sait dès cet instant qu'il existe un retour possible aux sources et une guérison à toute épreuve.

     Les besoins de l'enfant ne se limitent pas à un accueil non violent de bonne qualité. Ils impliquent une équipe prête à favoriser les désirs des parents, l'établissement d'un environnementaussi proche que possible de leurvie quotidienne, et une réduction de la médicalisation à son strict nécessaire.

     Le milieu d'accouchement doit donc être un espace, où les communications et l'expression individuelle sont privilégiés.

     Chaque naissance est unique, personnelle. Cela s'apparente à une création en mouvement où chaque action retrouve son sens dans la communication.

     Équilibrer la balance afin que compétence technique et compétence humaine marchent de pair, devenir de plus en plus préventif dans l'art et la conscience des lois de la nature, des besoins du fœtus et du nouveau-né, en interaction avec son milieu familial et culturel, sont sans aucun doute le nouveau défi, que parents et professionnels nous avons à relever.

     Si cette harmonie est réalisée, nous pouvons espérer que l'enfant deviendra un être libre capable de créer des liens.

     L'humanité est à l'aube d'une nouvelle naissance. Puisse le IW Millénaire nous ouvrir sur une nouvelle vision du monde éclairée par la conscience spirituelle et le sens des valeurs humaines.

     Puisse chacun d'entre nous en devenir l'artisan ... Puisse la coexistence fraternelle entre les peuples « voir le jour " pour pouvoir affirmer haut et fort le slogan du congrès de Royan: « Être Humain, c'est bien" !

















19/07/2009
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sage-femme en république d'IRAN, Firouzeh Roosta


LES REFLEXIONS D'UNE SAGE-FEMME DE LA REPUBLIQUE D'IRAN




         Je vous remercie de m'avoir incluse dans le comité scientifique de " SAGES-FEMMES International, Management, Recherches, Prospectives". Et merci de m'envoyer régulièrement notre revue qui m'apporte à chaque fois, beaucoup d'informations et de réflexions fondamentales.
     Vous me demandez de me présenter. Ce qui a motivé mon désir d'être sage-femme, c'est mon intérêt pour le développement embryo-foetal pendant la vie intra-utérine. J'avais toujours envie de découvrir ce monde mystérieux.
     Ma formation s'est déroulée en France, à l'école de sages-femmes de METZ-THIONVILLE. La méthode d'enseignement était très stricte mais avec du recul je garde de bons souvenirs. Je suis très heureuse d'avoir eu la chance de continuer mes études dans cette école et j'en profite pour saluer mes monitrices et aussi particulièrement la directrice de l'école, Mademoiselle Richard à qui je dois beaucoup.
     Cela fera un an que je suis rentrée dans mon pays et dans la vie professionnelle. J'ai eu l'occasion d'acquérir de l'expérience dans mon métierde sage-femme. Je me suis aussi rendu compte que les personnels de la maternité (médecins, sages-femmes, puéricultrices) ne sont pas vraiment sensibilisés à la relation mère-enfant, à la préparation à la naissance et en d'autres termes à l'humanisation des conditions de naissance.
     Si ma plus grande joie de sage-femme a été l'obtention de mon diplôme, mon souhait serait de pouvoir revenir en France afin de suivre la formation post-universitaire en échographie foetale et l'enseignement de l'école des Cadres sages-femmes.
     Mon regret actuel est la pénurie de documents scientifiques concernant ma profession. Mais ma volonté est de pouvoir réaliser le projet de sensibiliser les professionnels de la naissance à l'humanisation et à l'accompagnement global de la naissance en Iran. J'ai d'ailleurs proposé un projet à la faculté des sages-femmes. Pour cela, j'ai besoin de l'aide de mes collègues sages-femmes. Si vous avez des propositions, des articles, des films, contactez moi. Je vous en remercie à l'avance. J'aimerai tout particulièrement recevoir le film" NAITRE TOUT SIMPLEMENT" de B. Chauvière. Je me chargerai de tous les frais.


18/07/2009
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sage-femme AU LIBAN, Rita Zoghbi


La sage-femme libanaise
Rita Zoghbi, sage-femme

     Pays charnière entre l'Orient et l'Occident, le Liban, petit pays du Moyen-Orient, ne ressemble à aucun de ses pays voisins Arabes ou Méditerranéens.
     En effet, par sa pluralité et par complexité démographique, il reste unique en son genre.
     De petite surface (10452 km2), il ferait à peu près le cinquantième (1/50) de la France, il englobe sur ses terres un trésor de cultures multiples, de mentalités différentes.
     L'influence de la culture arabe est directe. Celle de l'Occident aussi, favorisée par les occupations successives (Croisades, mandat Français ... ).
     Deux écoles, la Française et l'Américaine, sont présentes dans les plus grands hôpitaux et universités.
     La théorie médicale Arabe proprement dite ayant été dépassée par la technicité occidentale moderne, tout ce qui persiste de véritablement Arabe demeure l'influence sur la mentalité et le comportement bien plus que sur les études.



1 - LES SAGES-FEMMES

     Les sages-femmes étaient matrones, au début du siècle et reconnues par la société libanaise.
     Actuellement elles reçoivent une formation à l'université.
     Elles sont professionnelles bien que leur profession soit méconnue et qu'elles demeurent reléguées au second plan.
     Une sage-femme libanaise formée à son métier est toujours soumise à son entourage machiste qui la relègue au second plan.
     Elle n'a pas eu la chance d'accompagner la femme enceinte en période anté-natale, son rôle se limite presque toujours à une présence auprès du médecin accoucheur, afin de réanimer le nouveau-né.
     Malgré les tentatives d'élargir son champ d'action, elle se heurte à de nombreuses difficultés.
2 - INTERVIEW DES SAGES-FEMMES SUR LEUR VÉCU PROFESSIONNEL

Mira: "Je suis sage-femme diplômée depuis 1989. Je travaille en salle d'accouche-
ment, dans un hôpital de Beyrouth. Je surveille la femme en travail. A l'accouche-
ment je me mets de côté pour recevoir le nouveau-né. Je ne suis pas satisfaite de ce rôle. C'est le cas de la plupart de mes collègues, mais je m'habitue. »

Randa : " Je suis diplômée il y a 5 ans. J'ai pratiqué dans les pays arabes (Emirats Arabes Unies). J'étais responsable de la salle d'accouchement. J'effectuais moi-même le suivi de la femme et l'accouchement en entier. Je déléguais la

* SageJemme libanaise. monilrice à l'école de SageJenune de l'Université Liba!wise, spécialisée ell Sophrologie Obstétricale et maternelle globale. réanimation du bébé à mon assistante. A mon retour au Liban, je ne peux supporter l'idée d'observer sans agir. Je cherche une petite maternité où je pourrais exercer véritablement mon métier. »

Nada: " Je suis sage-femme et j'ai deux enfants. J'ai à mon actif une année de travail. Je suis monitrice enseignante à l'école de sage-femme. J'apprend aux élèves en théorie, une profession médicale reconnue mondialement et je les envoie aux stages où elles se heurtent, à ce qui les attends dans la pratique. »

Mona: " J'ai cherché à être efficace en tant que sagefemme professionnelle en suivant des cours et des stages de préparation à la maternité à Paris. Je sais bien son importance et sa nécessité au Liban. Très peu de femmes enceintes l'ont réalisé et quand elles s'inscrivent au cours, elles ne sont pas persévérantes. C'est dommage. »

Les cas de Mira, Randa, Nada et Mona se multiplient au Liban. Un fait est certain: la sage-femme reçoit une formation académique décente. Dans la pratique, elle n'arrive pas à appliquer ses connaissances. Son rôle reste secondaire.

3 - ÉVOLUTION DE LA PROFESSION SAGE-FEMME

     Le rôle de la sage-femme a été tributaire de l'évolution des mœurs et de l'émancipation de la femme Libanaise.
     Nous sommes à une époque où les hôpitaux sont très peu nombreux. (Français et Américains s'installent depuis peu au Liban). Les services de gynécologie et d'obstétrique sont encore rares et parfois absents dans certaines régions rurales.
     La" sage-femme» qui est encore une" matrone» à cette époque a un rôle prépondérant.
     Forte, un peu de ses connaissances pratiques puisées dans la tradition, un peu dans les superstitions et surtout de l'expérience quotidienne où tout est voué à la grâce de Dieu, elle règne sur le domaine de l'accouchement. Un peu plus tard, elle devient la" sage-femme» proprement dite, et grâce à une formation scientifique poussée, elle acquiert plus de connaissances, dirige des maternités (indépendantes) et des cliniques où elle effectue elie-même les accouchements avec confiance et dextérité.
     Depuis les années 60, le niveau de la médecine au Liban a rattrapé le progrès mondial. Une concurrence directe entre médecins de toutes les spécialisations a commencé. Le nombre des hôpitaux a considérablement augmenté; les plus grands détenant de loin le monopole: équipement, services spécialisés, personnel compétent et médecins de haut niveau.
Les grands hôpitaux sont tous privés. Ils ont englouti les petites cliniques, les maternités proprement dites ou se déroulaient dans une ambiance naïve et simple les accouchements de la première moitié du siècle. Les hôpitaux publics, pour leur part, sont jusqu'à présent en voie de développement en comparaison des services proposés par les grands hôpitaux privés. Comme ces institutions sont sous la tutelle de l'état, ils ont directement subi les conséquences de la guerre passant d'une ère de développement à la misère et même à la destruction parfois.
     Les efforts sont grands et multiples pour remettre en place tout ce service de santé essentiel à une saine croissance du pays. Intégrés aux grands édifices privés devenus de véritables" usines », les services de maternité ont perdu leur autonomie.
     La présence de blocs opératoires et de services impeccables de néonatologie rassure le public féminin contemporain. C'est la raison pour laquelle le rôle de la sage-femme s'est petit à petit amoindri et que d'accoucheuse professionnelle elle devient progressivement assistante. Néanmoins, sa compétence n'est pas remise en cause.

4 - VÉCU DE LA GROSSESSE ET DE L'ACCOUCHEMENT

     Le rapport sage-femme/femme enceinte n'est pas lemême partout au Liban. Leur relation durant le déroulement de la grossesse et au moment de l'accouchement peut être influencée par des facteurs géographiques et économiques.

a) Zone citadine
Elle comprend la capitale Beyrouth, sa périphérie et ses environs.
b) Zone rurale
Elle s'étend sur les villages du Sud, du Nord et de la Békaa.

a) Dans la zone citadine:

- Le médecin a en charge la patiente  depuis le début de la grossesse: 8 visites médicales en moyenne, au moins 3 analyses sanguines et urinaires ; échographies obstétricales de plus en plus demandées, au nombre de 3 (128, 208, et 368 semaine d'aménorrhée).
- Les hôpitaux sont nombreux et répandus dans toute la région (moyenne 1 hôpital/15 km).
- La sage-femme est une employée en salle d'accouchement ou en service de suites de couches.
Elle est payée par l'hôpital. Le médecin lui, travaille en privé, il reçoit ses patientes pour les accoucher, et il est payé directement par celles-ci.

b) Dans la zone rurale:

- La sage-femme prend en charge la femme dès le début de la grossesse. Elle la suit dans sa clinique: 8 visites sont exigées, des examens sanguins et urinaires aussi. Une échographie au moins est demandée.
- Les hôpitaux sont rares et assez espacés.
- L'accouchement se déroule à la clinique ou bien à domicile.
- Rares sont les sages-femmes qui travaillent en libéral prenant le risque de la responsabilité directe de leur patiente. Ceci faute de médecin à proximité ou d'hôpitaux décemment équipés.
- Ici également, le paiement s'effectue directement entre la sage-femme et sa patiente mais elle n'est pas aussi bien rémunérée que le médecin.
A distinguer, deux populations: l'une riche, l'autre pauvre. La population riche rejoint les caractéristiques de la zone citadine, et celui de la population pauvre l'état de la zone rurale.
Concernant la population pauvre: cette catégorie d'habitants peut se retrouver dans la zone citadine. Elle dispose de peu de moyens matériels. Elle ne peut suivre les données de la zone citadine.
     Une femme enceinte appartenant à la catégorie" pauvre » est suivie en période anté-natale, dans un dispensaire, par une sage-femme. Le médecin du dispensaire l'accouchera à l'hôpital, aux frais du ministère de la santé. Où alors, elle est suivie dans l'une des très rares maternités où elle sera surveillée et accouchée par une sage-femme à des frais très réduits.
     Ces dispensaires et ses maternités sont généralement gérés par des associations de bienfaisance. Ils assurent un salaire fixe à la sage-femme. Celle-ci est responsable de ses décisions et de ses actes, tout en restant sous la tutelle d'un médecin.

5 - RÔLE DE LA SAGE-FEMME DANS LA NAISSANCE AU LIBAN

     La majorité (75 % des sages-femmes) diplômées, travaillent dans un hôpital. Leur rôle se limite à la salle d'accouchement, exécutant les ordres de l'obstétricien.
     La minorité (22 %) a un rôle de responsable direct auprès de la population pauvre, surtout dans la zone rurale.
     Le reste (3 %) se partage entre les sages-femmes chargées de cours dans les écoles spécialisées et celles qui ne pratiquent plus leur profession.
     Il est à noter, qu'un certain nombre de sages-femmes a émigré vers les pays arabes où elles gagnent de l'expérience et sont mieux rémunérées.

Quel est le rôle de la sage-femme au cours de l'accouchement ?
1) L'accueil de la femme enceinte en travail: examen générai, tension artérielle, palpation, bruit du cœur, toucher vaginal (T.V.).
L'évaluation de son état. En faire part au médecin traitant.

2) L'admission: formalités, préparation: lavement, rasage (par une aide), installation d'une perfusion avec ou sans Pitocyne selon le cas.

3) La surveillance du travail: contractions utérines, T.V., administration de calmants conformes aux prescriptions de chaque médecin.

4) L'assistance de l'accoucheur au moment de la naissance (dans la majorité des cas, une épisiotomie est pratiquée).

5) L'accueil du nouveau-né, sa réanimation et son aspiration, le soin du cordon, la recherche de malformations ...

6) La rencontre maman-bébé: elle le reçoit enveloppé de tissus chauds et stériles. L'accompagnement du bébé à la pouponnière où il sera pesé et lavé. Le pédiatre viendra l'examiner dès les premières 24 heures de vie. Il y restera avec les autres bébés. Pour l'allaitement, il sera amené à la maman ou c'est elle qui l'allaitera dans une salle prévue à cet effet.

7) L'accoucheur effectue la délivrance, il répare l'épisiotomie, et laisse à la sage-femme la surveillance du post partum direct avant que l'accouchée puisse rejoindre sa chambre.

Généralement, trois sages-femmes se partagent les services: la salle d'accouchement, la pouponnière et les suites de couches.

6 - LA FORMATION DE LA SAGE-FEMME LIBANAISE

1) L'infirmière diplômée:

Elle suit une formation de 14 mois d'études de sagefemme et reçoit un diplôme. Elle sera reconnue comme sage-femme diplômée. Cette formation est donnée dans une école de sage-femme privée (de l'université SaintJoseph - USJ), qui suit un programme inspiré de l'école française établi par ses propres responsables.

2) La sage-femme diplômée:

Elle suit une formation de sage-femme qui s'étend sur quatre années d'études, rigoureusement conforme à celle de l'école française : stages et cours, avec une légère adaptation au programme du baccalauréat libanais. Cette formation est donnée dans une école de sage-femme publique de l'Université Libanaise rattachée à l'État. Elle a quatre branches: 2 à Beyrouth, 1 au Sud, 1 dans la Bekaa.

Il faut préciser, que la profession de sage-femme proprement dite n'est pas encore organisée. Il n'existe pas de syndicat, mais une association de sages-femmes diplômées de l'USJ qui ne représente pas la totalité des sages-femmes.

7 - L'OUVERTURE DE LA MÉDECINE AUX CULTURES

Le Liban possède une situation géographique particulière. De multiples communautés le composent principalement Musulmanes et Chrétiennes. La culture Libanaise s'enrichit de courants de pensée divers notamment Orientaux, Français, Anglo-Saxons et Américains. La médecine subit directement cette influence.

a) La mentalité orientale

La société Libanaise est machiste. Le rôle de l'homme dépasse largement celui de la femme dans grand nombre de professions malgré l'émancipation grandissante de cette dernière.

Le médecin accoucheur, à 90 % de sexe masculin, obtient la confiance totale de la femme enceinte. C'est elle qui réclame sa présence durant l'accouchement. Elle oublie ainsi la compétence et l'efficacité de la sage-femme dans ces moments et concède à l'homme le « pouvoir absolu ".

La sage-femme devient " l'assistante" du médecin, " subordonnée " c'est son titre et là s'arrêtent ses prérogatives.

Dans une certaine classe pudique de la société Musulmane, la femme enceinte préférerait théoriquement bien sur une présence féminine au moment de l'accouchement.

Mais par manque de sages-femmes averties et éduquées, le rôle est" raflé" par les anciennes « matrones" qui puisent leur formation dans les années d'expérience et le savoir empirique.

b) Influence Occidentale

Malgré 17 ans de guerre ou grâce à ceux-ci, la médecine au Liban a pu évoluer.

L'obstétrique en particulier et toutes les autres spécialisations en général connaissent un développement considérable et à la pointe du progrès occidental. Une grande partie du corps médical libanais (Jeunes résidents) termine sa spécialisation à l'étranger en particulier en France et aux États-Unis.

Par conséquent, la médecine obstétricale est perpétuellement mise à jour. Le niveau permet une surveillance très poussée de la grossesse et même des interventions intrautérines menées avec grand succès.

8 - LES INNOVATIONS

Dans le domaine de la naissance, de nouveaux facteurs apparaissent:

1) La tendance va vers l'accouchement naturel en utilisant peu ou pas de calmants.

2) Le bébé est posé sur le sein de sa mère en salle d'accouchement.

3) Certaines maternités commencent à garder le nouveau-né dans la chambre de sa mère pour encourager l'allaitement naturel et la relation mère-enfant.

4) Les cours de préparation à la maternité sont petit à petit introduits. Bon nombre d'entre elles manquent de préparation à la grossesse, à l'accouchement et à la maternité.

5) On repense à la sage-femme libérale.

Conclusion

Une sage-femme formée est un être responsable, capable d'initiative mais la réalité n'est pas conforme à cette théorie. Malgré l'évolution en cours de la profession, la sage-femme libanaise continue à se battre auprès de la population pour s'imposer.











18/07/2009
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