chez jeannette - sage-femme

SUIVI GLOBAL DE LA MATERNITÉ (2) - les nouvelles relations

SUIVI GLOBAL DE LA MATERNITÉ (2)

2 - LES NOUVELLES RELATIONS


peinture de Paule Brung, sage-femme

     Les sages-femmes, ont depuis l'aube de l'humanité, une place privilégiée dans l'accompagnement global (humain, culturel, social, médical) de la naissance et la continuité des suivis (de la grossesse à la planification familiale en passant par l'accouchement et les suites de couches) . Elles ont le souci des mères, des enfants, des familles, de la société. Appelées "passeuses de vie" dans l'Egypte ancienne, les sages-femmes possèdent aujourd'hui la même fonction: faire passer une mère, un père sur les rives de leur parentalité, en bonne santé et en toute sécurité.

Fortes de nos pratiques professionnelles internationales récentes, nous pouvons observer que ce que notre époque découvre des pratiques "nouvelles et originales" autour de la naissance n'est en fait, qu'une longue tradition de suivi des naissances par les sages-femmes. Cette histoire qui s'écrit entre femmes et sages-femmes, entre mystère et médecine, entre sacré et profane, entre humain et divin, depuis les temps les plus anciens.

Que sont quelques unes de ces pratiques?

Le respect de la liberté de mouvement de la mère et de la position d'accouchement, le chant prénatal, le toucher et l'haptonomie, l'utilisation des plantes et de l'homéopathie, l'empathie faite de la parole, de la psychoprophylaxie obstétricale ou de la sophrologie.

Depuis les temps préhistoriques jusqu'à l'époque contemporaine et dans tous les pays du monde, les sages-femmes compétentes ont toujours d'instinct (et d'observation) su respecter la liberté de mouvement des mères. Accroupie sur le sol, à genoux, debout, assise sur le siège d'accouchement ou sur les genoux d'une autre femme, soutenue par les aisselles ou suspendue à une corde, sur un bouclier comme à Sparte ou entre deux pierres comme chez les hébreux, la mère, cheveux et vêtements dénoués, aidée par sa ou ses s,ages-femmes, a toujours recherché la posture qui facilite l'accouchement.

Pour le chant prénatal, depuis les psalmodies de l'Egypte ancienne au chant prénatal actuel, on peut reconnaître avec Platon, ililustre philosophe grec, "que sans le chant les remèdes sont inefficaces" !

Quand aux massages et à l'art du toucher, ils sont présents dans toute l'histoire de la naissance pour non seulement assouplir les tissus mais aussi pour relaxer, détendre, donner confiance. Les femmes des sociétés antiques, habituées aux massages de leurs sages-femmes pourraient dire comme cette mère récemment :
-
"au milieu de la tempête, une main caresse et serre la mienne, la main de la sage-femme, et sa voix me dit "dans un quart d'heure il sera là". Peur. Petite buée d'eau fraîche dans ma bouche assoiffée. Le temps s'est perdu et ne se compte plus qu'en centimètres. Et puis, doucement, au milieu de ce séisme, je sens la main de la sage femme  qui palpe,mesure, innocente de l'immense chaleur qu'elle met dans mon corps. "C'est presque la fin me dit-elle"  et tout chavire, tout va trop vite, ça recommence. "poussez, votre enfant est là"... impossible de décrire le bonheur..."

     Les plantes et les"remèdes" facilitant l'accouchement ont toujours été utilisés par les femmes et les sages-femmes qui se passaient leurs connaissances depuis des générations, selon leurs observations, leurs expérimentations et les développements scientifiques de leur temps. L'homéopathie, employée actuellement par les sages-femmes pour faciliter l'accouchement fait partie de cette longue histoire entre les femmes et la nature que l'on souhaite "bonne mère".

     Mais ce qui demeure essentiel dans tout ce vécu historique entre femmes et sages-femmes c'est l'empathie, la solidarité, la parole, l'écoute, le respect mutuel. Cela permet de restituer à la mère sa place dans l'enfantement.

     Dans la Rome Antique pour mettre les mères, à l'aise, leurs sages-femmes leur affirmaient "que tout se passera bien" (mots réconfortants que nous disons encore aujourd'hui 1)
     Au Moyen Age, Madame Du Coudray, sage-femme propose "de consoler la mère le plus affectueusement possible mais de le faire d'un air de gaieté et qui ne lui inspire aucune crainte de danger. Il faut éviter les chuchotements à l'oreille qui pourraient l'inquiéter ... "
     Et sur le mur de la maison d'une sage-femme à Martigues, dans le Sud de la France, on peut lire ceci: "1940-1960 Dans cette maison sont nés des centaines de martégaux et de martégales avec l'amour de leurs mamans et de Mme Pascal Marie-Jeanne, sage-femme ... "


     Les préparation actuelles à la naissance, de la psychoprophylaxie obstétricale à la sophrologie participent à cette empathie et à la reconnaissance de la place essentielle de la mère, du père, de l'enfant, des sages-femmes

     En conclusion, et si l'on veut parler de pratiques nouvelles des sages-femmes, ce qui est nouveau et original, c'est la reconnaissance de l'enfantement comme une création de liens multiples entre parents et sages-femmes. C'est là que se jouent les formidables enjeux de la réussite ou de l'échec de la création d'une famille et de la société.

      Pour les sages-femmes, il n'y a donc "rien de nouveau sous le soleil". Ce qui pourrait être nouveau, c'est que l'on enseigne l'histoire de la naissance dans les écoles de sages-femmes, et qu'on la présente au public dans les médias.

     Enfin, la vraie histoire racontée par les sages-femmes. Telle celle d'une sage-femme et qui s'adressant aux mères leur dit: "Mère divine, maïeuticienne, sapiens mulier, sapiens femina, médica, matrone, ventrière, guérisseuse, sorcière, aide-accoucheuse, saive-ferf'tme, accoucheuse, sage-femme, dans toutes les langues et toutes les cultures, nous nous tenons toujours près de vous lors de vos maternintés. Mères, grâce à vous, dans l'histoire de l'humanité, nous avons avec notre art, nos observations et notre longue expérience, contribué au développement de bonnes conditions d'accouchement et à la création des liens familiaux. Puissions nous continuer à le faire, pour notre bonheur et le vôtre, dans une si longue histoire d'amour"

     Il nous faut donc retrouver où se situent les nouveaux rites, les nouvelles structures de soutien pour les parents, les nouveaux lieux d'échanges d'empathie.

    En 1986, il était dit :

"Le désir d'une naissance "sans violence", "naturelle", respectée dans son déroulement physiologique,  les groupes de parents, les demandes d'accouchement à domicile, les groupes de préparation à la naissance, l'intérêt pour les médecines de terrain (homéopathie, acupuncture...), le respect de l'enfant, les groupes prénatals de réflexion deviennent ces nouveaux rites, ces nouvelles structures au service des parents pour un meilleur passage. Ainsi que les efforts faits par certains lieux d'accouchement pour s'humaniser réellement même si la politique gouvernementale de santé va dans le sens des fermetures de maternités de proximité au profit des "usines de production de bébés" que sont les "grandes" maternités par leur nombre d'accouchement s'entend.
     Il a fallu que quelque chose change dans notre XX° siècle pour que cette demande de respect de la naissance naturelle et de la relation commence à être entendue. Trois choses ont permis ce changement :
- les pathologies engendrées par la technique et la surmédicalisation ou la    médicalisation systématique,
- la technique montre ses limites tôt ou tard,
- les relations vraies avec des parents, les contacts internationaux avec d'autres sages-femmes ayant d'autres pratiques obstétricales et la découverte de l'intérêt des médecines de terrain et de l'énergie.
     Tout cela confirme que chaque être humain est unique , particulier et qu'il n'y a d'afficacité qu'à travers la relation :
- qui est cette femme ? cet enfant ? cet homme ? à qui j'ai à faire ? en les replaçant dans leurs histoires intimes et collectives.
    Il faut  réhabiliter les parents dans leur histoire afin qu'ils réalisent leur passage personnel. Il faut aussi  réhabiliter la physiologie de la maternité et l'accompagnement global des naissances. Nous en avons les moyens...."

Le texte ci-dessus écrit il y a presque 20 ans est-il encore valable aujourd'hui ? A vous parents et sages-femmes de le dire. J'aimerai bien le savoir.

En conclusion :

    Si nous, sages-femmes, sommes passeuses de vie d'une rive à l'autre de l'humain, nous sommes aussi dans la barque, passagère de l'humanité. Attention à nos habitudes obstétricales, techniques, routinières, à nos protocoles systématiques, nos prototypes ou modèles de telle ou telle préparation ou de telle ou telle thérapeutique que nous assignons comme les meilleures. Ils peuvent faire échouer la barque et plonger la naissance , et nous avec, dans le fond de la rivière chirurgicale et pathologique.
 
    Qui sommes-nous pour prétendre aider les autres au passage et créer la relation ?
Connaissons-nous assez notre dynamique vitale qui nous fera prendre du recul pour ne pas chercher à se projeter, s'identifier, imposer notre norme mais faire surgir le meilleur de l'autre.
    Alors nous serons ces passeuses de la relation MERE/ENFANT/PERE puissante inductrice des comportements futurs de chacun.

    EN DEFINITIVE, CHERCHER LA RELATION C'EST FORTEMENT GENEREUX PUISQUE EN NOUS AIDANT A VOIR L'AUTRE DANS SA TOTALE DYNAMIQUE, NOUS RETROUVONS LA NÔTRE AVEC BIEN DES JOIES EN PLUS.




27/03/2007
1 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Santé & Bien-être pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 3 autres membres